O Agente Secreto : Kleber Mendonça Filho dans les ténèbres de la dictature brésilienne
Après le pas de côté nostalgique que fut Retratos Fantasmas (2023), son documentaire sur les cinémas de sa ville natale, Kleber Mendonça Filho revient à la fiction avec L’Agent Secret (O Agente Secreto), son troisième long métrage présenté en Compétition. Un thriller politique sur les mécanismes de la répression et de la résistance.
De film en film, Kleber Mendonça Filho approfondit son analyse critique des dynamiques de pouvoir et des inégalités sociales qui divisent son pays, en mêlant réalisme social (Les Bruits de Recife, Aquarius), cinéma de genre (Bacurau), et documentaire (Retratos Fantasmas). Mais si elle emprunte des codes cinématographiques variés, son œuvre reste profondément ancrée à Recife, sa ville natale, dont il se plaît à explorer la mémoire collective et à filmer l’architecture, qui a servi de décor à la plupart de ses projets.
Recife constitue à nouveau un personnage central du cinquième long métrage du cinéaste brésilien, qui invite cette fois le spectateur aux côtés de Marcelo (Wagner Moura) dans le Brésil des années 1970, alors en proie à la dictature militaire. Cherchant à échapper à son passé mystérieux, Marcelo quitte São Paulo pour Recife, en espérant y trouver la paix. Cependant, il découvre rapidement que la ville, en pleine effervescence du Carnaval, est loin d’être un refuge : il est surveillé.
À travers ce thriller politique, Kleber Mendonça Filho explique avoir souhaité « explorer comment les individus naviguent dans un système oppressif, comment ils résistent ou se soumettent. » Le cinéaste, qui a tourné le film au printemps 2024 entre Recife et São Paulo, affirme également avoir accordé une vigilance toute particulière à la retranscription de l’atmosphère oppressante de la dictature, afin de transmettre au spectateur l’angoisse vécue par les personnages. « Ce film est une immersion dans une époque où les murs avaient des oreilles, où chaque geste pouvait être suspect. », souligne-t-il.