L’Inconnu de la Grande Arche, le regard de Stéphane Demoustier
Après le succès de Borgo (2023), Stéphane Demoustier porte le destin de Johan Otto von Spreckelsen à l’écran dans L’Inconnu de la Grande Arche. Cet architecte danois fut choisi par François Mitterrand pour mener à Paris la construction pharaonique de la Grande Arche du quartier de La Défense. Le film est projeté au Certain Regard.
Quel est le point de départ de votre film ?
Au tout départ, il y a un personnage réel dont on ne sait presque rien : Johann Otto von Spreckelsen, professeur à Copenhague qui remporte un concours d’architecture international lancé en 1982 par François Mitterrand, pour ce que le président socialiste considère alors comme le projet phare de sa présidence. Du jour au lendemain, cet homme de 53 ans inconnu en France qui débarque à Paris et être propulsé à la tête d’un chantier pharaonique.
Au casting du film figurent Swann Arlaud, Sidse Babett Knudsen ou encore Xavier Dolan. Comment s’est passée leur collaboration sur le plateau ?
J’ai aimé le contraste entre les uns et les autres. L’énergie virevoltante de Xavier Dolan n’est pas la nervosité contenue de Swann Arlaud, la concentration de Claes Bang, la vitalité de Sidse Babett Knudsen ou la poésie de Michel Fau.
Comment s’est déroulé le tournage ?
Il a plu du début à la fin ! Partout. Au Danemark, en Italie, à Paris : il a plu en permanence. Le film a dû intégrer cette donne et c’est même souvent devenu une plus-value. Cependant, nous avions une scène sur les Champs-Elysées où la pluie était interdite. L’avenue était bloquée pour nous durant trois heures, un seul et unique dimanche matin. Il fallait qu’il fasse beau car c’est une scène où le président Mitterrand examine l’effet des rayons du soleil sur une toile tendue à l’horizon. Et par miracle, il a fait beau ce matin-là…
Que vous a appris la réalisation de ce film et qu’aimeriez-vous que le public en retienne ?
J’ai appris que « a cube is a cube ». Et j’aimerais que le public retienne qu’il n’y a pas de création sans volonté politique.
Évoquons votre parcours et votre cinéphilie : qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ?
J’ai eu envie de devenir réalisateur à force de regarder des films dans des salles de cinéma, à Paris. Cela dit, je ne crois pas être influencé par les réalisateurs que j’aime ou les films que je vois. D’ailleurs, il y en aurait trop pour pouvoir tous les citer. Il y a toutefois un film qui m’a marqué et que je recommanderais : Le Gang du Bois du Temple, de Rabah Ameur-Zaïmeche. Je ne m’explique pas que ce film soit passé à ce point inaperçu.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
C’est un long métrage qui se déroule dans un camping avec des adolescents et où a lieu un crime. Il s’agit d’une histoire contemporaine, concentrée sur trente-six heures et dans un lieu unique. Tout le contraire de L’Inconnu de la Grande Arche.