Le Città di Pianura, le regard de Francesco Sossai
Au cours d’une nuit dans la plaine vénitienne, Giulio, un timide étudiant en architecture, croise la route de Carlobianchi et Doriano, deux quinquagénaires désabusés en quête d’un dernier verre. Dans Le Città di Pianura (Un dernier pour la route), son premier film en forme de road movie introspectif, présenté à Un Certain Regard, le réalisateur italien Francesco Sossai évoque la transmission intergénérationnelle et la quête de sens.
Qu’est-ce qui vous a incité à commencer à travailler sur ce film ?
Le film a été inspiré par une cuite colossale avec un ami à Venise et une myriade de notes que j’ai collectées au fil des ans en parcourant les plaines de ma région.
Pouvez-vous décrire votre méthode de travail et l’atmosphère qui règnait sur le plateau ?
Ma méthode consiste à être libre dans la mise en scène et à ne préparer aucune sorte de storyboard ou de shotlist afin de pouvoir raconter les lieux comme si je les voyais pour la première fois. Par exemple, je me souviens que lorsque nous avons tourné la scène de la remise des diplômes, il nous a fallu des heures pour décider de la manière de filmer, puis le processus de tournage a été très rapide, presque impressionniste. J’aime sentir une énergie dans ce que je tourne, et je pense que c’est ce qui me fascine le plus dans le travail sur le plateau. Je cherche cette énergie, et quand je la trouve, je peux tourner très vite.
Parlez-nous de vos acteurs…
Un lien très intense s’est créé avec les trois personnages principaux : avec Filippo Scotti, j’ai l’impression de partager tous les espoirs et toutes les attentes de notre génération, ce qui a créé une relation profonde. Filippo a immédiatement compris que pour moi, ce sont les faiblesses et les erreurs qui donnent vie à un spectacle et il a été capable de se laisser aller dans ce processus. Sergio Romano est devenu l’un des personnages en allant vivre dans ma ville natale pendant un certain temps : à son retour, il était méconnaissable, il était devenu exactement le genre d’homme que je rencontre au bar là-bas. C’était impressionnant d’observer sa transformation. Pierpaolo Capovilla m’a offert ses premiers pas d’acteur en y mettant toute son énergie poétique, sa fureur et son immense douceur, et je pense qu’il a fait des débuts remarquables.
Qu’avez-vous appris au cours de la réalisation de ce film ?
J’ai appris que je déteste la fiction et que je veux de plus en plus créer un cinéma qui raconte la vie dans ses misères, ses futilités et ses rares moments d’illumination. Et je veux que les plans que je capte aient l’air de faire partie d’un écosystème ou d’un paysage.
Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre film ?
J’aimerais que les gens se souviennent tout d’abord de mes fantastiques acteurs et qu’ils emportent avec eux l’atmosphère que l’on retrouve dans le film, celui de la joie des petites aventures, des petites odyssées qui définissent notre expérience de la vie.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
J’effectue des recherches pour un documentaire sur les observations d’ovnis dans ma région.