My Father’s Shadow, le regard d’Akinola Davies Jr

MY FATHER'S SHADOW © Lakin Ogunbanwo

My Father’s Shadow est une œuvre familiale, réalisée par Akinola Davies Jr d’après le scénario de son frère Wale Davies. Présenté au Certain Regard, ce récit semi-autobiographique met en scène un père et ses deux enfants dans la capitale nigériane, Lagos, agitée par une crise politique de grande ampleur en 1993.

Racontez-nous la genèse de ce film.

C’était une urgence. J’ai eu la chance de réaliser deux courts métrages et j’ai réalisé que si j’avais un long, je voulais qu’il se mette au service de ma famille, de nos souvenirs, comme une capsule temporelle cathartique pour le passé, le présent et l’avenir. Pour mettre en boîte et honorer notre imagination comme n’étant pas en dehors de nous mais comme faisant partie de notre mémoire. Je pense que mon frère est un très bon scénariste et je voulais travailler avec lui afin de donner vie à ses idées.

L’atmosphère sur le tournage ?

Un espace de confiance et de liberté pour mes collaborateurs. J’aime que chacun puisse agir et j’encourage les idées. En fin de compte, c’est la meilleure idée qui l’emporte, mais je pense que ce que nous faisons est un privilège absolu – et je veux que tous ceux qui participent à tous les niveaux se sentent considérés et apprécient chaque jour de tournage. Je suis donc assez enjoué et espiègle – s’il y a de la joie dans la création, alors il y a de la joie dans nos performances combinées.

Quelques mots sur vos acteurs ?

Mes acteurs ont vécu une expérience que je n’avais pas anticipée. Ils sont devenus une famille, sur le plateau et en dehors, ils s’encourageaient et apprenaient mutuellement. Ṣọpẹ́, l’acteur principal, a été magnifique – j’ai appris tellement de choses sur la psyché d’un personnage grâce à lui. Son expertise a été cruciale pour le développement de nos deux autres acteurs principaux, Godwin et Marvellous, qui jouaient pour la première fois.

Que vous a appris la réalisation de ce film ?

La réalisation d’un film est extrêmement difficile sur le plan logistique et émotionnel, et il faut faire preuve de beaucoup de diplomatie pour répondre aux besoins de chacun. Toutefois, si les producteurs mettent en place une bonne infrastructure, chacun peut donner le meilleur de lui-même au projet.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ?

A l’origine, je ne voulais pas devenir réalisateur mais plutôt monteur. Pour la simple et bonne raison que je pensais que ce serait une situation favorable pour fonder une famille. Mon meilleur ami à l’université, dont le père était monteur, menait une vie de bohème. C’est ce qui m’a influencé : je voulais avoir la même existence et je me suis dit que si je pouvais faire ce que faisait son père, je pourrais avoir une vie de famille similaire.

Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?

Avec mon frère, nous voulons nous intéresser à la région du delta au Nigeria – un territoire traversé par de nombreux conflits et traumatismes générationnels – et je pense qu’il est important de rappeler les sacrifices qui ont été faits pour la population, la biodiversité et la politique de la région. C’est un sujet très vaste, mais j’espère que nous pourrons raconter une histoire très simple pour en parler.