Météors, le regard de Hubert Charuel
Huit ans après le succès de Petit Paysan, grâce auquel il avait décroché le César du meilleur premier film, Hubert Charuel convoque Paul Kircher, Idir Azougli et Salif Cissé pour conter dans Météors, son nouveau long métrage présenté au Certain Regard, les retrouvailles à l’âge adulte de trois amis d’enfance qui ont grandi en Haute-Marne, l’un des territoires ruraux de la « diagonale du vide ».
Quel est le point de départ de votre film ?
Au départ, il y avait l’envie de parler d’un territoire particulier et d’amitiés mises en danger. Le territoire, c’est la Haute-Marne où j’ai grandi, et les personnages sont inspirés de ceux qui m’entouraient.
Comment s’est déroulé le tournage ?
Les conditions étaient assez dures en termes de fatigue, avec beaucoup de prises de nuit et en hiver. Comme nous avions peu de temps pour tourner, on a dû réécrire le film pendant qu’on le préparait et donc aussi le préparer pendant qu’on le tournait. Tout devait se faire vite… mais toute l’équipe technique nous soutenait et retrouver chacun des comédiens tous les matins ou toutes les nuits nous faisait oublier ces difficultés. Le but semblait clair et cela nous a ému. L’humain était au cœur du projet, ce qui rejoignait la thématique du film.
Il existe une alchimie évidente entre Paul Kircher, Idir Azougli et Salif Cissé…
Le cœur du film, c’est eux trois. On a écrit une histoire de personnages qui se connaissent et s’aiment depuis longtemps… Si on ne croyait pas à leurs sentiments mutuels, le film était mort. On a longtemps cherché ces trois comédiens mais les rencontres ont été des évidences. L’inconnue était l’alchimie qui devait opérer et je me suis senti extrêmement privilégié d’assister à ce qui s’est passé. Ils nous ont eus parce que cet amour entre eux ne nous a jamais semblé joué : tout semblait simple et naturel dès qu’ils arrivaient sur le plateau. Un mot aussi pour les seconds rôles qui sont tous arrivés avec une vraie proposition. Ils n’étaient pas là pour servir les acteurs principaux, ils avaient quelque chose de sérieux à défendre, et c’était un plaisir de les voir jouer.
Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de ce long métrage ?
Si les spectateurs se souviennent encore du nom des trois personnages quelques mois après l’avoir vu, c’est qu’ils les ont aimés à la hauteur de ce que tous scénaristes et réalisateurs rêvent pour des personnages qu’ils ont créés.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ?
Aller au cinéma était la seule chose qui nous sortait de la ferme de mes parents. C’était un investissement de leur part parce qu’ils n’avaient pas le temps. Une fois par semaine, on effectuait trente minutes de route, on s’évadait pendant deux heures et on en parlait. C’était l’occasion de partager avec mes parents quelque chose d’autre que les discussions autour de la ferme et des vaches. Adulte, j’ai eu la sensation qu’en étant à la fois enfant de paysan et enfant de la « diagonale du vide », j’avais un point de vue sur cet endroit et ces habitants qui méritait d’exister.