Testa o croce, le regard de Matteo Zoppis et Alessio De Righi
À l’aube du XXe siècle, le Wild West Show de Buffalo Bill arrive en Italie, vendant le mythe de la terre américaine et éveillant l’imagination de Rosa, une jeune femme piégée dans un mariage étouffant avec un violent propriétaire terrien. Avec Testa o croce, Matteo Zoppis et Alessio De Righi signent un anti-western italo-américain onirique, inspiré des légendes populaires et de l’imaginaire du Far West.
Qu’est-ce qui vous a inspiré ce film ?
Alessio : Nous nous sommes toujours inspirés des vieilles ballades et contes populaires, transmis par des figures qui nous semblaient proches des cow-boys. Nous voulions créer une balade de style occidental en Italie, un anti-western : un film partant d’un schéma classique qui glisse vers quelque chose de surréaliste et magique.
Matteo : En tant qu’Italo-Américain, cette histoire représente une rencontre entre deux cultures. Ma légende familiale raconte que mon arrière-grand-mère a vu le Wild West Show à Rome, où les butteri italiens auraient battu les cow-boys de Buffalo Bill. Cela montre à quel point ces récits sont façonnés pour créer des mythes. Nous voulions que notre film en soit porteur : une œuvre inscrite dans une tradition de récits réinventés.
Quelle a été votre méthode de travail ?
Alessio : Nous venons du cinéma indépendant, où l’on fait tout soi-même. Même si ce film est plus ambitieux, nous gardons cette approche libre. Nous aimons que nos collaborateurs se sentent créatifs. Faire un film, c’est comme un sport collectif : un équilibre entre ambition, contraintes et jeu.
Matteo : On a fait beaucoup de recherches. Sur le tournage, nous dormions près de la mer, dans la boue, entourés d’animaux ! Nous avons mieux organisé les rôles cette fois, même si cela reste parfois chaotique. Nous aimons réécrire juste avant de tourner, au contact des lieux, des personnages. Le cinéma, c’est aussi l’instant.
Parlez-nous de vos acteurs.
Matteo & Alessio : Travailler avec eux a été passionnant. Ils ont tous cru au projet et participé à façonner leurs personnages. Alessandro Borghi nous a rejoints très tôt, avec un grand engagement. Avec lui et Nadia Tereszkiewicz, nous avons exploré chaque émotion, revu des films, pris des leçons d’équitation. John C. Reilly s’est énormément investi dans le rôle de Buffalo Bill, jusqu’à réécrire ses dialogues avec nous. On marchait ensemble en bord de mer en parlant de cinéma… Il a une vraie affinité avec notre univers. Peter Lanzani, arrivé plus tard, a aussi apporté beaucoup d’énergie. Nous avons mêlé acteurs professionnels et non-professionnels, pour créer un langage unique, risqué mais immersif.
Qu’avez-vous appris pendant la réalisation ?
Alessio : Que la persévérance et la confiance sont essentielles.
Matteo : Qu’une bonne préparation est cruciale, mais qu’il faut aussi faire confiance à son instinct.
Qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent ?
Alessio : De garder la tête sur les épaules.
Matteo : Et de s’amuser !
Pourquoi êtes-vous devenus réalisateurs ?
Alessio : Mes parents m’ont transmis l’amour du cinéma. J’étais fasciné par les VHS de mon oncle : westerns, classiques italiens, films américains des années 1970. Le cinéma peut être une réflexion sur le monde ou juste un monde de fiction nourri d’émotions.
Matteo : Ma mère filmait tout. J’ai grandi entre l’Italie et les États-Unis. À 12 ans, je faisais des courts métrages. J’ai traversé de nombreuses phases cinéphiles : film noir, cinéma japonais, Nouvelle Vague australienne…
Et la suite ?
Les deux : Nous développons La città del sole, tout en poursuivant des projets individuels, toujours avec le même esprit de collaboration.