The Plague, le regard de Charlie Polinger

THE PLAGUE

Charlie Polinger, scénariste et metteur en scène américain, explore les méandres du passage à l’adolescence dans The Plague, un premier long métrage présenté au Certain Regard.

Quelle est la genèse de ce film ?

Je voulais explorer la violence et la vulnérabilité de l’enfance d’une manière inédite. De nombreux films consacrés au passage à l’âge adulte, en particulier aux garçons, penchent du côté de la comédie ou de la nostalgie. Mais pour moi, l’âge de 12 ans ressemblait davantage à un enfer d’anxiété sociale.

J’ai voulu plonger le spectateur dans l’espace mental volatile et hyper-intense d’un préadolescent névrosé : la dynamique de groupe, les hiérarchies sociales, la masculinité et la cruauté, la façon dont le pouvoir mute dans un système fermé comme un camp de sport.

The Plague est un film personnel, tiré directement des journaux que j’ai tenus pendant un camp d’été auquel j’ai participé en 2003. Bien que l’histoire soit fictive, le noyau émotionnel – les dynamiques de pouvoir, la peur de l’humiliation, et même certains dialogues – provient d’une expérience vécue.

Pouvez-vous décrire votre méthode de travail et l’atmosphère qui régnait sur le plateau ?

Nous étions très précis avec notre caméra, mais il était essentiel de laisser aux garçons la possibilité de nous surprendre. Souvent, nous tournions plusieurs fois la version scénarisée, puis nous les laissions improviser, réagir et sortir du cadre, afin que les performances restent brutes et fidèles à l’époque.

Ben (Everett Blunck), le personnage principal, est témoin d’un événement choquant au début du film. Pendant la prise, j’ai demandé à notre productrice, Lucy, de se précipiter et de crier à tue-tête derrière la caméra pour provoquer une vraie réaction. Everett est devenu tout rouge, puis a éclaté d’un rire stupéfait, tout en restant parfaitement dans la peau de son personnage.

Parlez-nous de vos acteurs…

J’ai beaucoup appris en travaillant avec les garçons, dont certains jouaient pour la première fois. Ils sont extrêmement spontanés et réactifs à leur environnement.

J’admire Joel Edgerton de loin depuis longtemps, c’était donc un rêve de le faire jouer dans mon premier film. Il est incroyablement incarné : chaque moment face caméra semble tout à fait véridique. C’est aussi un grand scénariste et cinéaste, il essaie toujours d’inscrire sa performance dans une expérience narrative plus large.

J’ai trouvé l’acteur Kayo Martin sur Instagram : il parcourait Manhattan en faisant du skateboard, des farces et en cuisinant dans des restaurants. J’ai pensé qu’il serait le parfait Jake. Lors de l’audition, il nous a tous épatés.

Kenny Rasmussen n’avait jamais joué dans un long métrage, mais l’équipe et moi-même avons eu la certitude qu’il devait jouer Eli dès le visionnage de sa première cassette. Sur le plateau, il n’a eu peur de rien, ne s’est jamais retenu. Il a également un sens de l’humour extraordinaire et a improvisé plusieurs répliques que l’on a intégrées au film. Sans compter que c’est un danseur hors pair.

Everett Blunck, qui joue Ben, sortait de son succès avec Griffin in Summer, et j’ai eu l’impression de travailler avec un acteur deux fois plus âgé. Il était incroyablement préparé pour chaque scène, se construisant une vie intérieure considérable pour le rôle. Il était toujours désireux de tenter de nouvelles choses. Plus d’une fois, il a ému l’équipe aux larmes.