A Pale View of Hills, le regard de Kei Ishikawa
Deux ans après A Man, remarqué à la Mostra de Venise, Kei Ishikawa fait son entrée au Certain Regard avec Tōi Yama-nami No Hikari (A Pale View of Hills). Adapté du premier roman éponyme du nippo-britannique Kazuo Ishiguro, ce drame revisite la mémoire des années d’après-guerre à Nagasaki à travers des points de vue féminins.
Racontez-nous la genèse de votre film.
Ce film se déroule dans le Nagasaki de l’après-guerre, où les cicatrices de la bombe atomique et de la guerre sont encore profondément présentes. Il suit l’histoire d’une famille dont les personnages rappellent ceux des films d’Ozu. Bien que ces thèmes aient été explorés à maintes reprises dans le cinéma japonais, l’ajout d’une perspective britannique et le sens du mystère créé par un « narrateur peu fiable » à la Kazuo Ishiguro confèrent au film un point de vue entièrement nouveau.
Quelle a été votre méthode ?
Lors de la réalisation de ce film, le plus difficile a été que les parties japonaise et britannique étaient différentes en termes d’époque, de langue, d’acteurs et d’équipe. Le tournage s’est fait séparément et nous n’avons même pas pu nous rencontrer face à face. C’était un grand défi pour toute l’équipe – acteurs, directeur de la photographie, décorateurs, costumiers. Mais comme nous essayions tous de construire un monde qui nous ressemble aujourd’hui, un fort sentiment d’unité s’est développé.
Quelques mots sur vos interprètes ?
Je veux que le monde voie que le Japon a de nombreux acteurs singuliers, dévoués et talentueux. J’ai hâte que le public international découvre l’éclat de Suzu Hirose, Fumi Nikaido, Yō Yoshida et d’autres – et bien sûr, nous avons aussi de grands acteurs britanniques comme Camilla Aiko !
Que vous a appris la réalisation de ce film ?
J’ai découvert qu’au Royaume-Uni, il n’est pas nécessaire de connaître la météo – il suffit d’attendre cinq minutes pour qu’elle change. Quant au Japon, s’il fait beau, il fait vraiment beau, et s’il pleut, il pleut comme dans une forêt tropicale !
Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de votre film ?
Ce film parle également des valeurs pour lesquelles les générations avant nous – celles de nos parents ou de nos grands-parents – se sont battues avec acharnement après la guerre, comme l’égalité des sexes, le mouvement antinucléaire et l’acceptation de la diversité. Maintenant que ces valeurs sont menacées, j’espère vivement que de nombreuses personnes iront voir ce film.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisateur ?
J’ai toujours aimé raconter des histoires, mais je ne savais pas jouer la comédie, je n’étais pas doué pour les mots et je ne savais pas jouer d’un instrument. Finalement, j’ai pris une caméra et, jusqu’à présent, j’ai réussi à faire en sorte que cela fonctionne.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
Je travaille sur l’histoire d’un père et de son fils, inspirée d’un fait réel qui s’est déroulé au Japon – la disparition d’un enfant et ses conséquences. Le film mêle cet événement réel à un récit fictif sur ce qui est arrivé à la famille par la suite.