Urchin, le regard de Harris Dickinson

Harris Dickinson, la révélation cannoise de Triangle of Sadness (Sans filtre)Palme d’or remportée par Ruben Östlund en 2022 passe à présent derrière la caméra. Avec Urchin, présenté au Certain Regard, l’acteur et désormais réalisateur londonien signe un premier long métrage humaniste. Ce dernier gravite autour du personnage de Mike (Frank Dillane), un SDF qui tente de reprendre sa vie en main, avec l’aide des services sociaux. 

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de ce film ?  

Il y a environ cinq ans, j’ai commencé à travailler au sein de ma communauté locale, en soutenant des personnes sans domicile fixe et des toxicomanes. Je me suis impliqué dans des projets de proximité menés par des bénévoles et j’ai rencontré des personnes qui luttaient contre elles-mêmes. Cette expérience, m’a donné envie de raconter cette histoire avec empathie, nuance et humilité. 

 

« Il est tout simplement génial de travailler avec Frank Dillane : il est généreux, surprenant et n’a peur de rien »

Harris Dickinson

  

Quelle méthode de travail avez-vous mise en place sur le plateau ?  

En tant qu’acteur, je sais ce qui porte les comédiens et ce qui les freine. J’ai commencé par créer un environnement où les acteurs et l’équipe pouvaient s’épanouir et se sentir en sécurité et où tout le monde avait un objectif commun. En revanche, j’aime aussi pousser les gens en avant. Je pense qu’il y a un juste milieu entre la gentillesse et le laisser-aller. Si je sentais que quelque chose pouvait être amélioré, je nous poussais à recommencer. Je suis vraiment reconnaissant à tous ceux et celles qui ont donné leur temps et leur énergie à ce projet si exigeant.  

  

Un mot sur vos interprètes ? 

Il est tout simplement génial de travailler avec Frank Dillane : il est généreux, surprenant et n’a peur de rien. Il vous propose des idées auxquelles vous n’auriez même pas pensé. Il est prêt à s’humilier et à se mettre à nu, ce qui demande du courage et de l’humilité. Megan Northam est une force. Je suis si heureux qu’elle ait accepté de jouer ce rôle. Même si elle n’a pas beaucoup de temps à l’écran, nous avons travaillé dur pour construire un personnage authentique. 

 

Que vous a appris ce film ?  

Quelque chose dont personne ne vous avertit vraiment : l’endurance. La fatigue mentale est réelle. Mon cerveau tournait en permanence. Entre le début de la préparation et la sélection du film à Cannes, j’ai passé une année entière sans faire de pause. Ce genre d’intensité vous apprend beaucoup sur vous-même et sur vos limites.  

 

Qu’aimeriez-vous que le public retienne de votre film ?  

J’espère que les gens seront aux côtés du protagoniste, qu’ils comprendront ses difficultés et qu’ils auront davantage d’empathie pour les personnes que l’on peut croiser dans la rue sans vraiment les voir. Mais je veux aussi que le public apprécie le film. Ce n’est pas un documentaire. Il y a de la légèreté, de l’humour et cet équilibre est important pour moi.  

  

Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer derrière la caméra ? Quelles sont vos influences ?  

Je réalise des courts métrages, des vidéos de skate et des sketches depuis l’âge de neuf ans. J’ai grandi dans une maison bruyante, drôle et ouverte, où des personnages allaient et venaient sans cesse. J’ai été très tôt attiré par le cinéma réaliste britannique qui m’a vraiment frappé par sa crudité et son honnêteté. Mais j’avais également besoin d’espace pour rêver. C’est le paradoxe de mon travail : c’est un mélange de ces deux mondes.