Orwell et son 1984 plus que d’actualité chez Raoul Peck
L’œuvre documentaire de Raoul Peck emprunte un nouveau chemin avec Orwell : 2+2=5. Présenté à Cannes Première, ce film replonge dans la rédaction de 1984, le dernier et plus retentissant écrit de l’auteur de La Ferme des animaux. Il s’agit de la quatrième sélection du réalisateur haïtien, un an après Ernest Cole, photographe.
En 1949, George Orwell écrit le roman qui deviendra un grand classique d’anticipation. Surveillance à grande échelle, novlangue, totalitarisme… autant de thèmes dystopiques qui peu à peu impactent notre époque. Dans son film, Raoul Peck s’intéresse à la période d’écriture de ce roman visionnaire.
En avril dernier, au festival Visions du réel, le réalisateur déplorait la résonance de cette œuvre : “Les mots ne veulent plus rien dire. La science ne veut plus rien dire. Il n’y a pas de vérité mais des alternative facts. Nous vivons dans un monde à l’envers, où personne ne dit rien. Nous sommes terrifiés. Voilà ce qu’est la terreur. Elle arrive lentement. »
Raoul Peck a le don de ressusciter de grands esprits qui, comme George Orwell, auraient tant à dire sur notre époque. L’an dernier, il présentait en Séance Spéciale Ernest Cole, Photographe, dédié au photographe témoin de l’apartheid en Afrique du Sud. Ou encore en 2021 Lumumba, la mort d’un prophète du nom du leader de l’indépendance congolaise, assassiné en 1961.
Passeur de mémoire par le documentaire comme par la fiction, Raoul Peck nous racontait Le Jeune Karl Marx en 2017, celui qui en viendra à rédiger le Manifeste du parti communiste. Plus tôt, en 1993, il racontait Haïti, son pays d’origine, à hauteur d’enfant à l’époque sombre de la dictature de Duvalier, dans L’Homme sur les quais, un film qui lui avait valu une sélection en Compétition.