Mama, le regard féminin d’Or Sinai
En 2016, la jeune Israélienne Or Sinai signait un court métrage osé et féminin, montrant sans détours la quête d’affection d’une femme seule, libérée pour un jour de ses obligations maternelles. Anna séduisit les jurés de la Cinéfondation, qui le couronnèrent du premier prix. Avec Mama, son premier long métrage dévoilé en Séance spéciale, la réalisatrice aiguise ce regard féminin.
Depuis les bancs de son école de cinéma, Or Sinai pensait déjà au casting de son premier court métrage. À sa grande surprise — mais il fallait oser —, elle réussit à recruter Evgenia Dodina, actrice prodige biélorusse-israélienne, qui accepta d’emblée le rôle d’Anna, héroïne de son film. Un personnage pétri de solitude, qui travaille, s’occupe de son fils et n’a d’autre choix que de s’oublier. Quand son fils lui annonce qu’il s’absente un week-end, elle réveille ses talents de « chasseuse » passionnée et décide de draguer ouvertement les hommes qu’elle trouve à son goût.
Cette démarche-là — celle de raconter les femmes sans présupposer que ces comportements devraient être ceux d’un homme —, Or Sinai en a déjà fait son fer de lance dans sa jeune carrière. La réalisatrice confesse, en outre, être plus à l’aise pour dépeindre les contours de ses personnages féminins. Pour Mama, elle fait de nouveau appel au talent d’Evgenia Dodina, qui incarne Mila dans le film, revenue pour un temps dans son village de Pologne et confrontée à de multiples conflits intérieurs. Interprète renommée en Israël, l’actrice polyglotte — capable de jouer en six langues —, qui a appris l’hébreu pour intégrer une pièce de théâtre, y signe une nouvelle prestation fine et sensible.