Saïd Effendi : une pépite du cinéma irakien à Cannes Classics
Saïd Effendi de Kameran Hosni est un classique du patrimoine irakien. Sorti en 1957, ce film empreint de réalisme social incarnait à l’époque un espoir fort pour l’essor du cinéma national. Cannes Classics l’accueille aujourd’hui dans une version restaurée.
Le récit suit Saïd Effendi et sa famille, expulsés de leur foyer par leur propriétaire. Réinstallés dans un quartier populaire de Bagdad, ils peinent à s’intégrer : les tensions entre enfants empoisonnent les relations avec leurs voisins.
À sa sortie, Saïd Effendi marque un tournant pour le cinéma irakien en pleine structuration. Jusque dans les années 1940, la production reposait surtout sur des films commerciaux, souvent financés par des pays arabes et influencés par les modèles libanais et égyptiens. Mais l’ouverture du Studio de Bagdad en 1948 change la donne : il apporte des moyens techniques et du personnel formé localement. C’est là que naît une nouvelle génération de films irakiens, dont Qui est responsable ? d’Abdel Jabar Waly et Saïd Effendi de Kameran Hosni.
Ce dernier est salué pour son réalisme et sa facture esthétique. Adapté de la nouvelle La Dispute de l’écrivain Edmond Sabri, il aborde des thèmes très concrets — chômage, crise du logement, tensions sociales — et rappelle, par son approche, le néoréalisme italien des années 1950. Une véritable industrie cinématographique émerge alors en Irak, y compris après la révolution de 1958.
Mais au début des années 1990, avec la guerre du Golfe puis les conflits successifs, la production est quasiment à l’arrêt. Le patrimoine filmique devient vulnérable, faute de moyens de conservation adaptés.
Depuis quelques années, un travail de sauvegarde et de restauration est engagé. C’est dans cette dynamique que l’Iraqi Cinémathèque est fondée en 2024, avec le soutien de l’INA. La restauration de Saïd Effendi, présentée à Cannes Classics, en est un des premiers fruits concrets.