Karavan, le regard de Zuzana Kirchnerova
Zuzana Kirchnerova signe avec Karavan, présenté au Certain Regard, un premier long métrage intime inspiré de son expérience maternelle. La réalisatrice et scénariste tchèque n’est pas inconnue du Festival : en 2009, elle remportait le premier prix de la Cinéfondation (La Cinef) avec son court métrage Bába, cruel huis clos sur la maladie.
Quelle est la genèse de ce film ?
Karavan est un film profondément personnel basé sur ma propre expérience en tant que parent. Lorsque j’ai commencé à l’écrire, j’étais une mère célibataire avec deux jeunes enfants, dont l’un est handicapé. J’avais un désir irrésistible de m’échapper – juste un moment, pour respirer. Ce désir est à la source de Karavan.
Pouvez-vous nous décrire l’atmosphère de tournage ?
L’ensemble du tournage s’est déroulé autour de notre acteur principal, David, qui voulait non seulement jouer, mais aussi diriger, faire fonctionner la caméra, gérer le son et même faire la mise au point. Le tournage a été extrêmement difficile : nous avons dû faire face à d’importantes inondations en Émilie-Romagne, qui ont eu des conséquences dramatiques sur les lieux de tournage, des restrictions ont été imposées par le Covid, et bien d’autres choses encore. Mais l’énergie et l’enthousiasme de David nous ont portés et ont permis d’améliorer le film. Il me demande sans cesse quand nous allons tourner Karavan 2 !
Quelques mots sur vos acteurs ?
Ma distribution est un mélange merveilleusement chaotique : l’un des meilleurs acteurs tchèques dans le rôle principal, un adolescent handicapé intellectuel, des talents slovaques et italiens émergents, et une bande sauvage de non-acteurs calabrais pour la plupart. C’est ce mélange brut et imprévisible qui donne son énergie au film.
Qu’avez-vous appris lors de la réalisation ?
J’ai appris à rester ouverte à tout ce qui vient. Et surtout, à faire confiance à mon instinct cinématographique et à mon intuition.
Que souhaiteriez-vous que les gens retiennent de votre film ?
J’espère que les gens repartiront avec le sentiment qu’il y a toujours un moyen d’avancer, même quand on a l’impression qu’il n’y en a pas.
Quelles sont vos influences ?
Si je devais citer un seul film qui m’a profondément marquée, en tant que cinéaste et en tant que femme, ce serait Sans toit ni loi d’Agnès Varda (1985). Pendant de nombreuses années, j’ai été fascinée par le courage de ce film, son protagoniste à l’esprit libre, le beau mélange d’acteurs et de non-acteurs qu’il contient, et son langage poétique mais sans prétention. Il possède la sensibilité raffinée du cinéma, mais aussi la légèreté ludique d’un documentaire.
Pouvez-vous nous parler de votre prochain projet ?
Je suis actuellement en train de tourner une mini-série télévisée sur la violence domestique, et j’écris également un nouveau long métrage intitulé Bodies. Ce film explore le thème de la relation mère/fille et la façon dont le vieillissement modifie votre corps, ainsi que votre place dans la famille et dans le monde.