Love Me Tender, le regard d’Anna Cazenave Cambet

LOVE ME TENDER

Pour son deuxième long métrage, Anna Cazenave Cambet dirige Vicky Krieps et signe l’adaptation du roman de Constance Debré, Love Me Tender. La cinéaste embarque ce récit d’amours (maternel, lesbien) et de violence dans son SudOuest natal. Accueillie cette année au Certain Regard, Anna Cazenave Cambet a fait ses débuts en Sélection officielle en 2016 au sein de la Cinéfondation (La Cinef) avec son film d’école Gabber Lover. 

Racontez-nous la genèse de votre film.

J’avais lu le livre Love Me Tender à sa sortie et il m’avait pas mal remuée. Il était venu éclairer, dire de nouvelles choses sur la maternité, à un moment où je me posais moi aussi des questions sur mon identité de mère, de femme et d’autrice. Un peu plus d’un an plus tard, ce sont les producteurs qui sont venus vers moi pour m’en proposer l’adaptation. Cela a mis plusieurs mois avant que je me mette à l’écriture, le temps de rencontrer Constance, le temps que nous soyons sûres, elle et moi.

L’atmosphère du tournage ? Une anecdote de plateau ?

Il y a eu des moments un peu étranges sur le film où, pour des raisons de météo notamment, nous nous sommes retrouvés en risque sur le plan de travail. Avec mon chef-opérateur, Kristy Baboul, nous avons plusieurs fois fait des sortes de petites prières païennes pour rappeler le soleil et plusieurs fois nous avons eu des moments absolument magiques où la lumière revenait le temps d’une prise seulement. Depuis, j’ai bien peur que nous soyons devenus plus superstitieux que jamais.

Quelques mots sur vos interprètes ?

Tout l’enjeu autour du personnage de Clémence était de trouver une actrice qui soit très physique, grande, avec des épaules. Le personnage de Clémence nage énormément et se déplace sans cesse, je voulais sentir dans son corps une forme de discipline. Quand nous avons pensé à Vicky Krieps, c’est devenu une évidence et dès le premier jour au plateau, Vicky est devenue Clémence, je n’avais aucun doute.

Que vous a appris la réalisation de ce film ?

J’ai appris à rester calme, le plus possible. C’est un état de création auquel je crois profondément. Je ne cherche pas la tension sur mon plateau. C’est même quelque chose que je fuis. Cela peut être dur par moments mais j’essaie au maximum de permettre à tout le monde de trouver du plaisir.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir réalisatrice ?

J’ai d’abord fait des études de photographie. Devenir réalisatrice me paraissait hors de portée en ayant grandi dans le Sud-Ouest, loin de toutes grandes villes. Mais le cinéma me semblait être le seul médium qui me permettrait de faire le pont entre mon rapport à l’image et ma pratique de l’écriture donc j’ai décidé de m’y confronter.

Quelles sont vos influences ?

Je me nourris tout autant de cinéma que d’autres formes d’art. La nature compte aussi beaucoup pour moi, l’océan et la forêt des Landes. En désordre, actuellement, je cohabite beaucoup avec Daria Svertilova en photographie, Billie Eilish en musique, en littérature avec Carmen Sosa-Villada. Au cinéma, je suis un peu obsédée par Cabaret de Bob Fosse et Faute d’Amour et Le Retour d’Andreï Zviaguintsev.