Sirāt, l’odyssée mystique d’Oliver Laxe dans le désert
Six ans après l’envoûtant Viendra le feu (2019), Prix du Jury Un Certain Regard, Oliver Laxe présente Sirāt en Compétition : un road-movie spirituel où il est question, comme toujours chez le cinéaste franco-espagnol, d’errance physique, frontières et voyage intérieur.
Une économie de dialogues, des silences révélateurs, et une attention particulière portée à la lumière, aux gestes ou à l’immobilité : fidèle à sa démarche contemplative et spirituelle, Oliver Laxe poursuit avec Sirāt son élaboration d’un cinéma exigeant, lent et habité, qui explore les liens entre l’homme et la nature, la quête intérieure et la mémoire des traditions.
Inspiré du pont Sirāt qui, dans la tradition islamique, sépare l’enfer du paradis où l’âme se mesure à sa propre vérité, le film raconte l’histoire de Luis (Sergi López), un père engagé aux côtés de son fils dans un périple à la recherche de Marina, sa fille aînée disparue lors d’une rave party au Maroc. Tandis que le duo croise la route d’un groupe de marginaux, leur traversée de l’Atlas devient peu à peu une odyssée initiatique.
Errance physique, frontières et voyage intérieur : ces thématiques jalonnent la filmographie de cet héritier de Tarkovski, adepte des récits minimalistes, qui filme les paysages, les éléments et la matière comme des forces indomptables. À l’occasion de ce long métrage, plus politique et radical que les précédents, tourné entre l’Espagne et le Maroc, Oliver Laxe suit la trajectoire d’un personnage solitaire en exil intérieur, traversant un désert aussi réel que symbolique.
Une fois n’est pas coutume, il associe son dispositif narratif dépouillé, rugueux et symbolique – baigné d’une lumière quasi biblique – à la texture granuleuse du 16 mm. Une manière de prolonger l’expérience sensorielle et mystique qu’il propose depuis Vous êtes tous des capitaines (2010), le documentaire qui révéla au cinéma d’auteur contemporain son art radicalement humaniste.