Résurrection, le conte post-apocalyptique sur la mémoire de Bi Gan
Dans un futur post-apocalyptique, une femme ranime un androïde en lui contant l’histoire de la Chine : dans Résurrection, présenté en Compétition, le cinéaste chinois Bi Gan poursuit son exploration des frontières entre réel et imaginaire. Il signe une odyssée sensorielle, entre science-fiction et poésie visuelle, où mémoire et technologie se confondent.
Révélé en 2015 avec Kaili Blues, premier long métrage salué pour son esthétique envoûtante, Bi Gan s’est imposé comme l’un des fers de lance de la nouvelle génération du cinéma d’auteur chinois. Il a confirmé ce statut avec Long Day’s Journey Into Night (2018), film audacieux porté par un plan-séquence en 3D d’une heure, qui proposait une immersion hypnotique dans un récit éclaté.
Autodidacte du cinéma, le réalisateur a affûté son regard en réalisant des courts métrages expérimentaux, où il abordait déjà ses thèmes de prédilection — le temps, le rêve, la mémoire —, tout en façonnant une grammaire visuelle singulière : plans longs, mouvements de caméra flottants, lumière crépusculaire… une esthétique de l’onirisme qui traverse toute son œuvre.
Dans Résurrection, une femme, après une opération cérébrale, se retrouve en état de semi-conscience dans un monde dévasté. Elle y découvre le corps inerte d’un androïde, auquel elle décide de raconter, nuit après nuit, des récits tirés de l’histoire de la Chine. Ces récits réactivent peu à peu les sens du robot. À la fin de son récit, elle se retrouve face à un dilemme : retourner dans le monde réel, ou rester aux côtés de cette entité mécanique pour laquelle elle commence à éprouver des sentiments.
Avec ce nouveau film, Bi Gan introduit davantage d’effets visuels et opère une forme de démocratisation de sa narration. Une évolution sensible dans sa filmographie, qui conserve néanmoins son ADN sensoriel et poétique.
Au casting, on retrouve l’actrice Shu Qi — vue pour la dernière fois à Cannes en 2015 dans The Assassin, chef-d’œuvre d’Hou Hsiao-hsien — aux côtés de l’acteur chinois Jackson Yee et de l’acteur canado-taïwanais Mark Chao. Quant à la musique, toujours essentielle dans l’univers de Bi Gan, elle est signée par le groupe français M83.